N'JuBa Gabon

N'JuBa Gabon

Sous la lune et la pluie

Et voilà mi-novembre est déjà là, l’automne en France, presque l’hiver, et ici la pleine saison des pluies. C’est arrivé progressivement, une grosse pluie ici ou là. Et paf, d’un coup on compte les jours de soleil sur le bout des doigts. Les chemins sont inondés, les rues peu accessibles. Notre route est si peu praticable que nous avons du changer de voiture...notre alto ne passant plus dans les trous, que dis-je, les mares.

Un camion est même tombé dans la fosse sceptique du voisin. Celle ci est à l'aire libre....hummmmm je vous laisse imaginer le travail lorsqu'il pleut. Des amis à nous on eu la même mésaventure il y a peu. Aprés une heure de lutte, un embrayage au bord de lâcher et des pneus qui patinent, il a fallut aller chercher des sangles à l'autre bout de la ville pour les dégager.

IMG-20131212-00366.jpgVoyez comme le quartier ressemble à un marécage !

 

Nous avons fêté la 1ère année de Ba à Port-Gentil puis autant pour Ju. Nous avons pris le rythme plan-plan des familles d’expat, moins de soirées en boîte, beaucoup plus de dîners les uns chez les autres. Moins d’aventures, plus de boulot… cela perd un peu de son charme de vivre loin. Mais on retrouve le sourire au premier rayon de soleil : café sur la terrasse, pique-nique à la plage, chaleur quotidienne, ça a du bon.

En ce moment nous changeons de voiture tous les 15 jours, Pickup L200 (un vrai veau), cacahuète de chez alto, 4x4 Ford Ranger un tank, Toyota Corrola façon grand-parent. Notre chemin étant totalement inondé nous ne passions plus avec des berlines et avons du taper dans un petit Rav4 d’un autre âge qui sent le poisson pourris ! ET paf, une panne on nous redonne un Ford Ranger…qui ne tourne pas à plus de 20° à droite mais fait plus de 90° à gauche. Pas de feu avant gauche, aucun feu arrière, plaque d’immatriculation inexistante. Autant vous dire que les flics ne nous ont pas loupés ! « Réquisition du véhicule, nuit en garde à vue, amende de 200 000FCFA » négocié à 20 000FCFA « sans reçu dans ce cas ». Pas bien on sait ! A cause de nous, la corruption prospère, mais à 1h du mat on n’avait pas tellement envie de se retrouver au poste à cause d’un loueur de voiture véreu.

Entre deux averses Ju continue la voile et participe aux régates organisées par le  Club Nautique de Port-Gentil, elle est d’ailleurs secrétaire du club. Cela nous permet de rencontrer de nouvelles personnes. On est rassuré de croiser de nouveaux visages (jeunes) en ville, c’est bon signe…. Car on tend vite à croire qu’après 12 mois ici on connait tout le monde. Mais en pleine période de turn-over, la plupart de nos amis s’en vont, heureusement beaucoup de nouveaux arrivent… ouf.

Comme nous en avions parlé dans un précédent article, nous avons eu la chance d’assister à une éclipse totale de soleil courant novembre. Les cases et la plage du Cap Lopez ont été prises d’assaut par les expats et les gabonais. En effet, le Cap est le point géographique où l’éclipse sera la plus complète sur le globe. Malheureusement ce jour-là le ciel est franchement gris et chargé. Nous parvenons tout de même à suivre l’avancée de l’éclipse entre deux nuages. Total et plusieurs autre entreprises on commandé des milliers de lunettes spéciales et en ont distribué largement à leurs employés et leurs familles et même dans les écoles. Du coup, pratiquement tout le monde, français et gabonais ont réussi à obtenir des lunettes. L’ambiance est excellente, les pique-niques gargantuesques. Quand l’éclipse totale approche nous nous mettons tous assis sur la plage, yeux vers le ciel, soudain une nuit « cinéma » s’abat, la lumière est bleue, sombre, les couleurs différentes…difficilement descriptibles à vrai dire. Et là « bim » gros nuages…. Nous ne verrons pas l’anneau d’éclipse ! Alors qu’à 200 m de nous il est parfaitement visible. Dommage ! Tout est allé très vite au final. En tous cas ce fut une expérience exceptionnelle et pleine d’émotions. On est content d’avoir vécu ça.

Autre petit souvenir qui restera en mémoire : la sortie tortue. Le propriétaire du Bougainvillier fait partie depuis quelques années d’un réseau de surveillance et de recensement des tortues marines. Depuis un an, il emmène les curieux qui veulent rencontrer ces dinosaures sur les plages. Le Gabon est un site de ponte mondialement connu, « hotspot » de la ponte des tortues luths.

Arrivé sur le site, un container sert de base et on nous projette un diaporama expliquant la démarche et l’intérêt du programme port-gentillais. Certains gabonais friands des œufs et de la chaire des tortues, ont pris l’habitude de se servir à même la plage de novembre à mars. D’autre part les reptiles sont souvent pris par mégarde dans des filets de pêche et/ou sont victimes de pollutions pétrolières etc… A terre les tortues sont vite repérées par des braconniers, parfois elles sont désorientées par les lumières de la ville de plus en plus importantes sur le littoral, ou encore elles ne peuvent accéder au site de ponte à cause des billes de bois échouées…et j’en passe.

Bref, le rendez-vous est pris pour 20h30. Par petits groupes accompagnés de guides/scientifiques (à dire vite), nous partons sillonner la longue côte Atlantique du Cap Lopez sur des quads (pas trop écolo mais plutôt commodes dans le sable). Sous les étoiles le moment est plutôt sympa. Malheureusement pas de trace de tortues, après un long moment nous faisons halte près d’une lagune. Toutes lumières éteintes c’est un moment un peu étrange. Notre guide manque de fibre « verte » quand on le voit jeter ses mégots dans le sable. Ce n’est pas très raccord avec ses grands discours.

Nous repartons en espérant que la marée enfin montante nous permettra de croiser plus de bêtes. Enfin, les guides nous font brusquement nous arrêter. Ils ont l’œil, en effet une petite masse sombre rampe péniblement vers le talus du haut de plage. Un des guides gabonais part en éclaireur. Il revient surexcité… la tortue ci présente serait une demoiselle rare sur nos plages : une Olivâtre. Après confirmation, nous attendons qu’elle se mette à creuser pour approcher. Elle plonge ses nageoires arrières dans le sable et telle une main en ressort des pelles de sable, technique efficace et impressionnante. Elle creuse jusqu’à 50cm environ (80 chez les Luths) et commence à pondre. A ce moment elle est en léthargique et les gars en profitent pour la baguer et la mesurer sous toutes les coutures. Quand elle a fini, ils déterrent le nid, récupèrent les œufs en les comptant et filent les enfouir dans un site de ponte dit « écloseries », surveillé et fermé à l’abri des bracos et des quads. Cela augmente les chances aux petits d’arriver à terme puis à la mer.

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Pour nous ce fut une expérience assez fascinante…mais un peu longue surtout pour Ba qui trépignait sur la fin… il faut dire que nous sommes partis à 20h30 et revenus à plus de minuit….pour voir 1 tortue ! C’est la nature ! :)

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Ha et petit bonus, nous nous sommes fait dévorés par des puces de sables, Ju a gonflé et a dû être mis sous corticoïde pendant 3 jours ! Conseil : même si c’est moins pratique, un jean, des chaussettes et baskets sont mieux que short et tongs ! Idem prenez un pull et une écharpe, ça souffle de ce côté de l’ile Mandji ! J

 

En décembre nous rentrons en France, nous avons hâte !

 

Ju&Ba


02/01/2014
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Commerçants

Je continue à prendre en photos les métiers de Port-Gentil. Je suis toujours bien accueillie et les gens sont volontaires. Je prends le temps de leur expliquer ma démarche, je m’intéresse à leur métier, à leur vie. Je n’ai subi aucun refus et ils ont toujours le sourire. Contre toute attente on ne m’a jamais rien demandé en retour, a part…mon sourire sur papier photo ! Ok c’est légitime,si  je prends leur bouille, je peux leur donner la mienne en retour. Et surtout, s’ils le souhaitent je tire la photo prise et leur donne. Ils sont toujours ravis ! Et moi aussi :)

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Dans cette série, sont représentés des vendeurs en tout genre, fruits, pain, tissu...:

Tout d'abord, la dame devant Score/Casino que tout le monde reconnaitra, très discrète et timide elle a dit oui du bout des lèvres et ne s’est pas vraiment déridée. Mais quand je suis revenue avec la photo elle a rigolé ravie et a trouvé ça « très bien ». Merci madame.

 

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A la Sogabi (prés du Retro), les vendeuses voulaient toutes se faire photographier et Lidia ci-dessous, m'a entrainé à l'arrière pour "shooter" ces collègues boulangers qui façonnaient des croissants. Et hop, une visite dans les coulisses en bonus !

 

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Harouna, Malien, vend des tissus du côté du quartier Banco. La plupart de ses tissus viennent d'Inde, de Hollande, de Chine mais on trouve quelques imprimés made in Afrique et notamment du Sénégal.

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Et pour vous donner un dernier exemple : Ibrahim, Malien aussi, qui vend prés du Printemps toutes sortes de bricoles pour les voitures. Un vrai bric à brac et un vendeur "star" qui a adoré être pris en photo. Les jeunes sont souvent très motivés par les photos, une jeune femme me voyant avec mon appareil m'a même demandé de la photographier "pour son facebook". ^^

 

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La suite au prochain épisode !

Ju


19/11/2013
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Couturier

Nous inaugurons une nouvelle rubrique : les portraits.

J'ai choisis de prendre en photo les métiers de Port-Gentil, photographe, petit vendeur, cordonnier..je me lance à la recherche de beaux sourires.

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Acte 1 : Alassan un bon couturier malien installé prés du Carrefour Banco.

 

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Je ne suis pas une grande photographe mais bon...C'est en pratiquant qu'on s'améliore.

 

 

Ju


28/10/2013
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C'est pas sorcier !

Au Gabon, en Afrique et ailleurs dans le monde, certaines croyances sont très liées à ce qu’en Europe on appellerait, le mystique. Esprit, malin, sorcellerie sont autant de choses auxquelles on peut avoir du mal à croire. Pourtant au Gabon les croyances animistes sont très présentes et se mélangent au christianisme. Bien sûr, les petites anecdotes suivantes ne sont pas des généralités, après un an dans ce pays on prend conscience de certaines coutumes, on participe à des événements et surtout je discute beaucoup avec notre ménagère, JK. Cette gentille quadra, mère de 8 enfants vient de la province du sud du Gabon et est venue à Port-Gentil avec son mari pour trouver du travail. Je pense qu’elle vient d’une famille dite « moyenne » ni bien placée ni riche, mais qui a l’air de s’en sortir !

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Nous prenons de temps à autre notre petit déjeuner ensemble avec JK, mais régulièrement elle jeûne et me le dit toujours avec un sourire plein de fierté. Ce rituel plus ou moins long lui permet de se « purifier », et est renforcé par de longs moments de prière en groupe ou individuelle. Dieu est très présent dans le quotidien de beaucoup de Gabonais. On vous remercie avec un « dieu te protège », « je prierai pour toi ».

 

Une fois avec Ba, nous nous baladons dans le « quartier » et tombons au milieu d’une manifestation. De grandes tentes sont posées au milieu de la rue, il y a beaucoup de monde, un peu de musique et de chant : mariage ? foire ? fête ? Non, grand rassemblement religieux…où nous ne sommes pas les bienvenus. Normal c’est comme si nous étions rentrés en touriste dans une église pendant la messe ! Un peu méchamment on nous vire, « ha les blancs ce n’est pas pour vous ici… » ok ok on a compris, excusez-nous on a pas fait exprès :s

Lors de grands événements religieux, les pèlerins avancent en procession derrière un prêtre, (curé, mentor ?) à genoux en pleine rue. Courageux !

 

D’après ce que l’on m’a dit, les gabonais continuent à se marier par tribu, région ou famille. Lors des mariages, le futur mari doit donner une dot à la famille de sa fiancée celle-ci est souvent très élevé et il est très mal vu de ne pas en donner. Certains pères vont jusqu’à refuser la main de leur fille si la dot ne correspond pas à leur attente. La dot est une forte somme d’argent ( 1 millions de Fcfa/ 1 500€ pour la niece de JK) et/ou une liste d’objets souhaités par la famille : exit l’argenterie, les vases ou la batterie de cuisine, bonjour la télé ou le blackberry ! L’argent est ensuite divisé entre tous les membres de la famille : frères, sœurs, oncles, tantes, cousins etc… Mais ceux-ci participent aussi beaucoup financièrement et dans l’organisation. S’en suit comme en France une grande fête, le diner, les danses…bref un Mariage ! « Ça attire du monde un mariage ! Les gens des fois ils veulent juste manger et boire ! » Dixit JK !

 

Côté décès, la famille se regroupe autour du défunt qui est ramené au domicile et exposé aux proches jusqu’à sa mise en terre. La famille installe des nattes autour du lit et dort à même le sol sans se laver ni changer de vêtement le temps que dure la veillée. Puis le corps est mis en terre : de préférence au village d’origine, mais le transport coute très cher et les familles modestes doivent enterrer les leurs loin de leurs terres. A Port-Gentil, le cimetière des « autochtones » se trouve en centre-ville tandis que les autres doivent aller du côté de Ntchengué.

 

Il y a quelques temps, une amie gabonaise nous à fait l’honneur de nous convier à une réunion de famille. Chaque année ils se réunissent au complet, traditionnellement au village mais cette année ils sont tous venus sur Pog.

Normalement réservée au strict cercle des proches, nous nous sommes sentis un peu comme des souris observant la scène dans notre coin. Nous arrivons tardivement (vers 23h) auprès d’une cabane qui sert exclusivement au réunion de la tréééés grande famille de notre amie. De l’électricité que dans la case, des rondins et des chaises autour du feu et au fond de la cour une sorte de hutte ouverte. Cette hutte sert aux cérémonies rituelles, aux chants et aux danses. Nous en avions vu une similaire au milieu du village de Loango.

Les hommes sont entourés dans un pagne blanc et les femmes en robes blanches. Une bonne odeur de cuisine flotte dans l’air et les gens nous accueillent aimablement. Après une très longue attente, à nos yeux, les danseurs se mettent en mouvement, ils brulent des bâtons d’okoumé et s’entourent dans la fumée qu’ils dégagent, comme avec de l’encens. Pour la danse traditionnelle les personnes marchent en cercle en marquant le rythme avec leur pas. Ils chantent des airs mélodieux, mais notre amie ne parvient pas à nous traduire : on y parle des ancêtres, de la familles, des esprits etc.. rien de plus précis. Le cercle des danseurs est très fermé, le rythme lancinant. On retrouve les objets traditionnels : le bâton, le couteux, les grelots qu’on nous avait montré à la Lopé et qui correspondent à des « grades » spirituels. Apparemment après tout ça ils nous inviterons à danser…mais voilà plusieurs heures que nous sommes là à les regarder et nous décidons de rentrer avant la fin.

 

Du côté des superstitions : posez votre sac à main au sol et on ira vous chercher une chaise pour le poser. JK, remonte systématiquement mes sacs posés par terre sur le canapé ou la table… Enfin selon eux c’est l’équivalent de se désintéressé de sa « fortune », jeter son argent à la poubelle, ne pas respecter ses biens et l’effort fournis pour les avoir. OK mesdames ?!

 

L’autre jour JK tient à m’avertir que si l’on veut aller au Congo il faut que l’on prenne garde aux sorciers… je souris doucement, mais elle reprends si sérieusement et sincèrement inquiète que je l’écoute attentivement. Les sorciers sont des personnes dont l’âme s’échappe de leur corps la nuit pour aller faire le mal. Ceux-ci sont très puissants et peuvent faire votre malheureux s’il s’en prend à vous. Les croyances autour du mysticisme sont très importantes en Afrique, et beaucoup de personnes consultent des « sages-gourou » pour des décisions, se porter chance etc.. un peu cliché me dirait vous, mais pourtant vrai !

 

Au Gabon la sorcellerie est interdite, c’est légalement prohibé ! La presse fait régulièrement le rapport de procès pour sorcellerie, où des faits souvent sordides sont exposés. Malheureusement les accusations sont parfois abracadabrantesques : Un homme vend du gibier à un autre, qui décède subitement (mauvaise viande ? maladie ?), la famille se retourne donc vers le vendeur l’accusant de sorcelleries…et ni plus ni moins : l’homme se fait assassiner par les membres du village ! Trivial ? Certes, mais eux y croient vraiment et règlent leurs problèmes ainsi depuis la nuit des temps.

Exemples de fait divers :

http://monsieur-marabout.e-monsite.com/pages/les-quelques-lignes/nouvelle-alerte-aux-voleurs-de-sexe-a-port-gentil.html

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20081103.OBS9167/gabon-23-personnes-arretees-pour-sorcellerie.html

http://www.gabonlibre.com/Un-pasteur-chasse-pour-sorcellerie-dans-un-village-du-sud-Gabon_a6376.html

 

Dernière petite anecdote en date : une éclipse solaire est prévue en novembre. Peu d’informations ont circulé. La communauté expat est au courant et se fournit en lunettes spéciales, mais les locaux eux n’ont pas accès financièrement à ses lunettes…et encore quand ils sont au courant de cette éclipse. Certains « mauvais » prêcheurs cherchent à se faire de l’argent sur cet événement. Signe du démon, fin du monde, malheur sur la terre…ils vendent des gris-gris et conseillent de s’enfermer pour prier… l’avantage de ce ‘conseil’ : les gens préserveront peut-être leurs rétines ! Selon les observateurs et la presse « Une hécatombe ophtalmique est prévue » !

http://www.gabonlibre.com/Eclipse-solaire-2013-au-Gabon-attention-les-yeux-_a23153.html

http://pgj.pagesperso-orange.fr/eclipse/an031113.htm

 

Bien sûr tout cela ne sont que des anecdotes et des observations quotidiennes. Ce ne sont pas des généralités ni des affirmations servant à cataloguer les africains ! Ceux qui ne sont pas d’accord sont invités à s’exprimer dans les commentaires sans problèmes.

N’Juba


22/10/2013
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Parc National de Loango : Rivière Akaka

Le lendemain matin, nous nous levons aux aurores, l’aube n’est pas loin mais le soleil est encore couché. Nos embarquons à nouveau dans la pirogue, il fait vraiment frais…heureusement les gilets de sauvetage nous tiennent chaud.

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Nous traversons la Lagune et 1h plus tard nous entrons dans la rivière Akaka. La rivière est le seul endroit où "la grosse faune" est visible en saison sèche.

Le paysage est magnifique, on slalom entre les berges de palmiers et de jungle basse. Parfois très étroite, nous nous enfonçons parmi la végétation, sous les premiers rayons du soleil. L’ambiance est incroyable. Nous entendons des cris d’oiseau, en croisons certains : martin pêcheur géant, jacana à poitrine doré, touraco bleu… Au-dessus, les vautours et les aigles palmistes étendent leurs grandes envergures dans le ciel.

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P1050314.JPGTouraco Bleu : gros comme un dindon

 

Notre guide, Youri, nous montre à certains endroits la berge totalement défoncée, signe  d‘un passage d’éléphant. Soudain il nous indique parmi les arbres un gros pachyderme. Mais celui-ci s’enfonce sans que l'on puisse vraiment l'observer. Le pilote accoste et le guide part en éclaireur. Il revient nous chercher et très doucement nous approchons. Soudain le voilà, notre premier éléphant. Il nous observe à demi caché derrière les troncs, à 100 m de notre appareil photo. Il souffle un petit coup puis nous tourne le dos, le guide nous conseille de retourner à la pirogue pour le laisser poursuivre son chemin.

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Le sol est très gadouilleux, voire marécageux. L’éléphant en s’enfonçant creuse des trous impressionnant. Il faut prendre garde où on met les pieds sous peine d’avoir de la boue jusqu’aux genoux.

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Un peu plus loin nous croisons un deuxième éléphant, celui-ci est entrain de partir, ni une ni deux nous le suivons à distance. Il entre alors dans une énorme mare de boue. Il tente de fuir avec grande difficulté. Nous nous inquiétons et demandons naïvement au guide si il ne va se retrouver coincé, s’il n’est pas un peu trop stressé…le garde ne semble pas s'inquiéter du tout, et tente de nous rassurer. Effectivement, doucement mais surement, le gros mammifère avance dans la boue qui le recouvre presque totalement. Certains guides s’approchent si près qu’il pourrait le toucher. Ju n’est pas très à l’aise, on se sent un peu intrusif, Ba est resté près de la pirogue. Il est vrai que ce gros truc plein de boue est peu rassurant et si d’un coup il sortait du marécage et nous chargeait ? Mais non il sort tranquillement et s’en va, après nous avoir jeté un petit coup d’œil sans angoisse ni agressivité. Que d’émotion déjà !

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Croyez-le où nous mais après cela nous n’arrêtons pas de croiser régulièrement des éléphants, parfois furtivement, parfois plus longuement. Nous nous en approchons assez facilement, lorsque l’on reste sous le vent. A un moment nous observons un crocodile faux gavial se prélassant sans crainte au soleil lorsque Youri nous dit « Il y a un éléphant qui nous observe ». Caché derrière des branchages, il est là surement depuis le début. Discret malgré son volume. Un peu imprudent, un des guides descend à terre et s’en approche. Il prend des photos, rigole…comme un touriste peu respectueux. Carton Jaune !

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Les crocos aussi sont présents, il y en a partout. On voit dépasser leurs yeux, leur tête, voire tout leur corps sur la berge. On n’aimerait pas tomber dans l’eau !!!

Le paysage défile, les berges de jungle laissant place à de grandes étendues de papyrus, puis à des plaines de graminés.

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Pour midi nous nous arrêtons en pleine forêt. Pique-nique fort sympathique en compagnie des gardes. Puis ballade à la recherche des singes. Leurs cris nous ont accompagnés régulièrement dans la journée mais nous ne les avons pas encore vu. Les arbres sont immenses et nous avons l’impression de revivre la Lopé, en moins boueux.

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A peine avons-nous amorcé la marche que le garde nous montre dans une clairière, une antilope. De la taille d’un petit cerf elle a l’arrière train rayé et de grosses cornes sur la tête. Le Bongo, l’une des espèces rares et protégées du Gabon. A cet endroit la boue est bien épaisse, Ju en perd même une chaussure sous le fou rire des autres qui tente d’apercevoir l’antilope parmi les hautes herbes.

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Tout à coup Youri nous stope dans notre avancée : un mamba noir ! Le plus dangereux serpent d’Afrique émerge du bas d’un arbre et s’enfuit sur le sol, noir, brillant d’humidité….brrrr ça donne froid dans le dos ! Même pas le temps de prendre une photo le voilà disparu...Et nous un peu inquiets.

Après 30 minutes de marche nous entendons de très près les singes…nous faisons une halte et effectivement, au-dessus de nous les primates se balancent de branches en branches. Mais ils sont moins curieux qu’à la Lopé et leur observation est de courte durée.

Nous reprenons la pirogue et le chemin du retour. Nous passons devant une plaine où broutent 6 éléphants. Notre collègue belge et Youri décide de s’approcher pour prendre des photos en gros plan. Il fait chaud à cette heure-ci, il n’y a pas beaucoup d’air, nous somnolons sur le bateau. Nous observons le ballet des pachydermes, qui se foutent royalement de notre présence ! Mais Youri est un peu taquin et s’approche vraiment près de l’un d’eux. Celui-ci agite les oreilles et la tête pour le faire reculer, mais il ne charge pas, il fait demi-tour et rentre dans la forêt. Carton rouge pour Youri !

Le clou du spectacle arrive peu de temps après. Un éléphant se tient sur la berge et se donne en spectacle. Une pirogue avec des touristes le prend vite fait en photo et s’en va, nous laissant le champs libre pour shooter l’animal sous toutes les coutures. Pas stressé, pas ronchon, il reste là à 10m de nous à poser. Pour notre plus grand plaisir. On peut admirer ses muscles, ses longues défenses, ses yeux étrangement clairs.

Il nous prend au dépourvu lorsque d’un coup il entre dans l’eau. Il veut traverser et notre présence ne le dérange pas. Il entre prudemment dans l’eau, et prend même le temps de se mouiller la nuque avec sa trompe :) Soudain il disparait laissant juste apparaitre son tuba ! Le garde nous explique qu’il se laisse couler puis donne un coup de pied sur le fond pour avancer. Il arrive enfin à l’autre rive, il monte difficilement dans la boue et détruit la berge. Les oiseaux s’en donne à cœur joie et viennent picorer dans la terre qu’il retourne. Il nous regarde encore une fois et reprends sa vie normalement !

Il nous laisse ébahis et surexcités ! En voilà une expérience ! Même les guides sont stupéfaits. Après cela on peut rentrer tranquillement avec des images plein la tête. Les parents de Ba, nous on porter bonheur je crois.

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Arrivée au camp nous profitons d’un beau coucher de soleil sur la lagune et faisons un diner bien garni grâce au cuisto.

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La nuit sera pleine de rêves éléphantesques !

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Avant notre retour à Pog, nous partons dimanche matin visiter le village d'Ntchengorove à proximité. Là encore la chance nous sourit. En chemin, les yeux experts de Youri repèrent les oreilles d’un hippopotame. Nous approchons prudemment, ce sont Monsieur, Madame et fils hippo qui nous observent à bonne distance, laissant apparaitre leurs oreilles, leurs yeux et leurs narines. L’un des deux coule tandis qu’un autre émerge un peu plus. Le mâle monte sur la femelle pour mieux nous voir ! Quel machisme ! Nous n’aurons pas le droit à un joli bâillement digne de national géographique mais le spectacle est tout de même sympa ! En plus nous entendons les singes non loin et voyons les branches bouger sous leurs mouvements.

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Monsieur hippo disparait, le pilote décide alors de partir, parce que contrairement au éléphant, les hippopotames ne préviennent pas avant de charger et ils pourraient retourner la pirogue d’un coup de tête ! Ok on file.

Nous arrivons au village qui est posé sur un plateau sableux en bord de lagune. C’est le plus gros village du Parc National, il comporte environ 500 personnes. Mais il est difficile de s’en rendre compte, la plupart des personnes que nous voyons étant des enfants, et les cases éparpillées un peu partout.

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Ici la majorité des hommes travaillent pour les pétroliers de la région notamment Perenco. L’entreprise a d’ailleurs financé un puits au centre du village. Les enfants pompent, les hommes récupèrent l’eau, les femmes font la lessive. Les autres sont pécheurs ou travaillent dans les rares structures de tourisme.

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Nous découvrons la fabrication du vin de palme. Un palmier coupé aux deux extrémités et posé en légère pente. Par réflexe ou instinct de survie plutôt, l’arbre renvoi sa sève vers la tête, où un trou permet de recueillir le liquide. Les femmes ajoutent ensuite de la sciure de bois (ne me demandez pas lequel), le tout fermente et donne le vin de palme.

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Nous sommes bien accueillis et les gens répondent à nos questions. On se sent plutôt à l’aise. Les enfants sont marrants et le père de Ba arrive à faire chanter une petite fille de bon cœur.

Youri et ses frères sont de ce village et Youri tient à nous montrer son bar/maison. Le seul du coin. C’est une petite baraque avec un coin privé, un bar et les incontournables miroirs de boites de nuits ! Il offre à Ju un poster des animaux protégés. Bref un accueil super.

P1010893.JPGOui nous avons les polaires...c'est qu'il ne fait que 20°C mazette !

En repartant nous passons par l’école, toute neuve et propre elle a été financée par l’organisme qui a formé les gardes et suit la gestion du Parc National. La cloche de l’école est une gente de voiture suspendue, les salles de classe sont nommée : baleine, gorille, tortue, les tableaux noirs n’ont pas été effacés pour les vacances….bref une école presque normale.

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Nous repartons un peu triste de quitter tout cela, mais des souvenirs et des rencontres plein la tête.

Après 1h30 de 4x4, nous déjeunons à Olako avant de reprendre la pirogue. Cette fois nous sommes moins nombreux et le voyage parait moins long et difficile.

Avouons tout de même que certaines d’entre nous avons quelques courbature de tous ces trajets en pirogue….mais je ne dirais pas qui !

 

IMGP7934.JPGJu&Ba


20/08/2013
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